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« Chronique d’une mort annoncée » GABIEL GARCIA

Ce lundi néfaste où Santiago Nasar allait rendre l’âme, il avait eu un cauchemar onirique révélateur de son destin morne cerné par de langues arbres, dévastés par l’averse. « Il rêvait toujours d’arbres », me relate Placida Linero, sa mère connue par ses intuitions à déchiffrer les mystères des rêves « Une semaine avant, il avait rêvé être seul dans un avion volant et sans être contrarié …), ajouta-t-elle en état de déchéance et surtout qu’elle n’avait pas bien interprété et prévu cette scène funèbre qui coïncidait avec l’arrivée de l’évêque.

Les jours qui lui sont restés, Santiago Nasar avait peu dormi comme s’il savait qu’il va résigner à une somnolence perpétuelle. Ce jour pluvieux était déjà un indice préalable annonçant cette calamité .Santiago était élégant en revêtant son pantalon et sa chemise de lin blanc tels que ceux des grands jours des Lundis qui témoignent son héritage paternel d’où son assiduité et sa persévérance en armes. A l’instar de son père, il dormait muni d’arme latente dans l’oreiller ; Cette coutume paternelle fut bravée lorsqu’il avait retiré les balles et disposé son pistolet dans le tiroir de la table pour éviter la maladresse de la servante qui avait engendré la démolition d’un Saint.

Son bref parcours de vie n’a laissé que ce dernier souvenir de sa mère dont la vieillesse l’a privée de son instinct, ma présence lui évoqua le souvenir de Santiago Nasar dont les traits se confondent aux miens et dont les humeurs l’ont rendu semblable à son père passionné par les chevaux et la maîtrise d’armes, ces traits renforcent son audace et sa vaillance.

Ce jour sinistre, « il s’était élégamment vêtu, quitta sa chambre en faisant ses adieux », répliqua sa mère. La cuisinière rappelait que Santiago Nasar se réveillait sans aise .il a empoigné Divina Flor, la petite fille qui lui avait servi un bol de café, par ce geste exaspérant , Victoria Guzman réclama : « Moi vivante, épargne-la ! » en évoquant sa relation décevante avec Ibrahim Nasar ce qui attise son angoisse.